Mousse PU, corde en tissus tressé, pierre
300 x 305 x 350 cm
Collection privée
The Initiation est une sculpture in-situ conçue pour l’exposition WarmXSculpture, Live forever foundation, Taichung, Taiwan. Il s’agit d’un volume de même dimension que celle de l’escalier en colimaçon de la fondation, sorte de grande carcasse molle couchée au sol dont l’une des extrémités est tenue et tirée par une corde en hauteur.
Lorsque je suis entrée dans la salle, j’ai immédiatement su que l’escalier deviendrait un partenaire de jeu, en quelque sorte mon défi à relever . Cette spirale parfaitement pure, parfaitement enroulée sur elle-même, sans centre et comme en pleine ascension expansive, ouvrait une autre dimension que l’espace très horizontal et lumineux de la salle donnait à voir. L’escalier semblait dressé pour échapper aux lois de la gravité et du temps, se présentant comme une petite section sans début ni fin d’un ensemble que l’on devine extrêmement vaste. Cette audace m’a émue. Tout à coup, elle symbolisait formellement l’acharnement que l’homme ne cesse d’avoir à vouloir dépasser sa propre condition animale grâce à des outils de mesure, des concepts de son invention lui permettant d’ordonner le chaos du monde, d’imaginer la beauté.
Il me fallait créer un double inverse de l’escalier. Une contre-spirale aussi faible et molle que l’escalier est sûr et épanouissant. Créer un mouvement de descente s’élargissant pour contrer cette utopie géométrique. Présenter une structure vidée de sa masse.
Il me fallait boucler le cycle en proposant la lecture d’une double spirale évolutive/involutive.
Constitué de feuilles de mousse PU (au même nombre que les marches d’escalier) la structure architecturale est créée par un système répétitif de pliage et d’attache très rudimentaires de ces feuilles de mousse entre elles. Ce pliage permet de rigidifier et d’imposer la déformation nécessaire à chaque feuille de mousse pour devenir une sorte d’embryon de marche. Les attaches en fil et mousse solidarisent, organisent l’empilage des marches entre elles.
Les couleurs des feuilles de mousse et des cordes se réfèrent à celles des livres d’anatomie humaine (ou chaque élément du corps est symbolisé par une couleur particulière très caractéristique de l’idée d’intérieur du corps). Les variations lumineuses qu’offre l’espace très lumineux de la fondation sur les feuilles de mousse rendent le matériau opaque ou translucide suivant l’angle de vue du spectateur. Sa translucidité génère une couleur lumineuse très dense et adipeuse. L’élasticité de la mousse, sa fragilité au rayonnement solaire (sa couleur changera au cours de l’exposition), sa faible valeur économique et symbolique ainsi que son impuissance physique à pouvoir se maintenir droit sans assistance renforce le caractère transitoire, éphémère du travail.
Les éléments constitutifs (formellement géométriques et sans aucune courbe), la méthode de construction et d’assemblage, à la base très rationnelle et répétitive, produisent visuellement un corps très « naturel », se transformant sous l’effet de la pesanteur. Ce corps, mi-osseux, mi-organique, déborde totalement son cadre référentiel et entraîne dans son développement un foisonnement de formes nées des différentes contraintes et forces qui agissent sur lui.